Purins, infusions, macérations et décoctions

Qui se rappelle l'avoir détestée, alors que battant la campagne à la recherche de sauterelles ou coccinelles, nos jambes d'enfant brûlaient de l'avoir caressée de trop près l'été (pfff, gros coup de blues )...

Bref, l'ortie, c'est bien d'elle qu'il s'agit, aurait pourtant pu nous être bien utile après rouissage, broyage et tissage, en nous habillant d'un tissu tellement doux qu'on l'a parfois qualifié de soie végétale.

En effet, si le jardinier connaît ses bienfaits (hein les filles ;) )dans son domaine de prédilection, on sait moins que l'ortie peut être utilisée pour la fabrication textile de grande qualité, résistant et agréable au toucher. Et ça ne date pas d'hier.

Les momies de l'Egypte ancienne étaient bien souvent enveloppées de ce tissu, que les archéologues ont longtemps pris pour un coton fin et de bonne qualité, déjà connu pour ses propriétés antiseptiques ou fongiques. En l'occurrence, il s'agissait de la ramie, espèce asiatique proche de la véritable ortie européenne, notre Urtica Dioica.

Plus près de nous, nos ancêtres de l'âge de bronze en faisaient des cordages très résistants ou encore des fourreaux de poignard. Otz, (pas inscrit sur le forum), l'homme des glaces, en possédait d'ailleurs un, et les Gaulois en faisaient des sacs. Plus tard, l'ortie aurait pu s'imposer dans l'industrie textile au même titre que le chanvre ou le lin. A le Renaissance, elle faisait l'objet d'une culture importante dans certaines régions d'Europe, en Allemagne notamment. Sous cette forme, elle aurait pu "envahir" la France, puisque les soldats allemands de la Première Guerre Mondiale en étaient habillés de la tête aux pieds (toiles de tentes, sacs, tricots et chaussettes).

Lors des mariages, de nombreux trousseaux furent dotés de draps en fibres d'ortie qui finirent leur carrière en torchons.

De nos jours, certains d'entre nous utilisent peut-être encore les draps de la grand-mère (bisous mémé) sans en soupçonner la composition.

Malgré ses propriétés intéressantes, l'ortie ne connaîtra pourtant pas le succès du lin, dont les fibres plus longues ont garanti une certaine rentabilité économique. Toutefois, elle est toujours utilisée dans l'industrie fromagère pour la fabrication des étamines en tissu très fin qui permettent l'égouttage des fromages, de filtres spéciaux ou encore, dans une part infime, pour la fabrication de papier dont sont faits nos billets de banque.